Dans le projet d'automatisation utilisantRockwellAutomate CompactLogix 5370 et1734-AENTRAvec les modules d'E/S distribués, nous avons vécu un baptême du feu profond, passant de la conception idéale à la réalité. Bien que l'utilisation unifiée des API de la série L1 permette une standardisation de la gestion des composants, ce choix présente de nombreuses limitations techniques et pièges financiers qui n'ont pas été pleinement évalués.
La découverte la plus surprenante au début du projet a été la limitation stricte selon laquelle chaque contrôleur 5370 L1 ne prend en charge que 6 à 8 modules d'extension. Après avoir comparé les spécifications de chaque module duSiemens S7-1200Avec une série prenant en charge 32 points d'E/S, nous avons dû configurer trois fois plus de modules 1734 pour la solution Rockwell. Plus inattendu encore : chaque module devait être équipé d'une unité de base dédiée (1734-TOPS), une exigence absolue ignorée lors de la sélection initiale, ce qui a finalement entraîné une augmentation inattendue de 20 % du coût de la nomenclature.
En termes de sélection d'IHM, le compromis du PanelView 800 a également apporté de précieux enseignements. Sa limite supérieure de 200 balises a contraint les ingénieurs à repenser l'intégralité de l'architecture des variables, tandis que la limite de 25 écrans a fortement restreint l'espace d'optimisation de l'expérience d'interaction homme-machine. Bien que ce système semble permettre des économies par rapport au PanelView 5000, ces contraintes implicites ont en réalité entraîné une augmentation exponentielle de la charge de travail des développements ultérieurs.
Une analyse approfondie de ce cas nous a permis de tirer plusieurs conclusions clés : premièrement, l'évaluation des coûts du système d'E/S doit adopter la méthode du calcul du cycle de vie complet ; outre le module lui-même, tous les coûts associés, tels que la base, les câbles et les heures d'installation, doivent être inclus. Deuxièmement, le choix de l'IHM ne se limite pas à son prix, mais doit également prendre en compte l'impact de ses limitations fonctionnelles sur la disponibilité du système et sa maintenance ultérieure. Plus important encore, la stratégie dite de « standardisation » nécessite une évaluation dynamique. Lorsque les limitations techniques d'une seule marque commencent à affecter sérieusement les performances du système, il peut être plus judicieux d'introduire modérément des solutions tierces.
Du point de vue de l'architecture technique, ce projet met en lumière une contradiction courante dans le domaine de l'automatisation industrielle : il existe souvent un écart considérable entre la flexibilité idéale d'une conception modulaire et les capacités d'extension réelles de la plateforme matérielle. Bien que l'écosystème de Rockwell soit complet, ses strictes contraintes de spécifications placent souvent les ingénieurs face au dilemme suivant : « Prendre de l'argent d'une poche pour en payer une autre ».
À l'avenir, nous pensons que le choix d'un système d'automatisation industrielle doit reposer sur un système d'évaluation tridimensionnel plus complet : la première dimension est la performance technique, la deuxième le coût global et la troisième la flexibilité du système. Seules les solutions qui équilibrent ces trois dimensions peuvent véritablement résister à l'épreuve du temps. Cette leçon tirée de l'expérience avec des fonds réels mérite réflexion pour tout ingénieur en automatisation.